Le 4 décembre 2018, le nouveau Conseil communal de Braine-l’Alleud était installé. Le pacte de majorité promettait une gestion saine et efficace. Un an plus tard, à l’heure d’un premier bilan, de nombreux choix laissent l’opposition pour le moins perplexe. La qualité du vivre ensemble est abîmée.
Minorité libérale, opposition majoritaire
Particularité à noter : le Conseil communal est constitué d’une majorité politique (en sièges) qui ne représente pas la majorité des Brainois (en voix) puisque la Liste du Bourgmestre n’a récolté que 46% des votes lors des élections communales d’octobre 2018 mais a obtenu, en raison de la clé Imperiali, 18 sièges sur les 33 à pourvoir.
De son côté, avec 51% des voix, l’opposition réunissant les groupes Ecolo, Intérêts Brainois, PluS et Défi porte la voix d’une majorité des Brainois mais ne bénéficie que de 15 sièges au Conseil communal. L’Opposition Majoritaire (OM) fait donc face à une minorité qui exerce seule le pouvoir.
Détricotage du Plan de Cohésion Sociale (PCS)
Dès l’entame de la législature, la Liste du Bourgmestre a voulu faire payer au Parti Socialiste, son partenaire politique historique, le choix de ne plus former d’alliance avec lui.
Lors du Conseil communal du 17 décembre 2018, après que le Président du CPAS sortant (le socialiste Olivier Parvais) ait défendu son bilan pour l’année écoulée, notamment les réalisations du Plan de Cohésion Sociale, le Bourgmestre créait la surprise générale en annonçant ne pas vouloir prolonger le PCS au-delà de 2019.
Pourtant, le Plan de Cohésion Sociale a été à l’origine de nombreuses actions à Braine-l’Alleud en matière d’insertion socio-professionnelle, d’accès à la santé et de lutte contre les assuétudes, d’accès à un logement décent et de retissage des liens sociaux intergénérationnels et interculturels.
Pour l’OM, le projet de fusion Commune-CPAS par lequel le Collège communal justifiait l’arrêt du PCS n’a pas de plus-value prouvée en termes d’action sociale. Nous craignons au contraire que cette fusion se fasse au détriment des plus démunis. Il n’est pas nécessaire d’aller au-delà de rapprochements entre les institutions pour bénéficier d’économies d’échelles, c’est l’autonomie du CPAS qui garantir un travail social de qualité, en toute indépendance et discrétion.
Dissolution de la Commission Nord-Sud
Dans le cadre de la fusion annoncée Commune-CPAS, le Collège communal a également décidé de saborder la Commission consultative « Nord-Sud ». Une des rares commissions « mixtes » (composées de citoyens et de représentants politiques) et qui fonctionne efficacement depuis 2001 !
Les appels à projets dans le cadre d’obtention de subsides seront maintenus mais dorénavant gérés par l’administration du CPAS. Une claque pour la participation citoyenne.
Pour l’OM, la participation citoyenne est un choix pour améliorer les décisions prises et l’adhésion des habitants à ces décisions mais aussi pour tenter de mettre fin, par des actions concrètes, au divorce entre citoyens et politique. Pour l’OM, il faut consacrer les moyens nécessaires en accompagnement, formation, recrutement et mise en oeuvre pour aller au-delà de la participation-gadget.
L’occasion manquée de la collecte des encombrants
En novembre 2018, le Collège communal annonce la suppression de la collecte des encombrants en porte-à-porte. Pour les Brainois, c’est donc le passage obligé vers le parc à conteneurs ou le système de collecte payant via l’inBW (avec un remboursement administrativement complexe et limité à 2 m³ par ménage par an).
Une suppression pure et simple que l’Opposition Majoritaire dénonce car elle ne comporte aucune mesure d’accompagnement telle qu’un partenariat avec une ressourcerie à l’image de ce qui se pratique dans d’autres communes afin d’encourager le réemploi et le recyclage.
Pour l’OM, la politique de réduction des déchets doit reposer sur un changement des mentalités en matière de réemploi et de recyclage. Le niveau communal est le niveau de pouvoir le plus adapté pour mettre en place une éco-exemplarité.
L’occasion manquée du Programme Stratégique Transversal
En septembre 2019, la commune de Braine-l’Alleud se plie à l’exercice obligé du Programme Stratégique Transversal (PST). A cette occasion, le Collège communal présente un long catalogue hétéroclite où quelques projets importants côtoient une multitude d’actions ponctuelles, sans indications financières sérieuses, sans diagnostic de la situation, sans projection dans le temps et sans priorités.
Un plan qui est surtout en défaut de répondre aux questions soulevées par les vrais enjeux et les vrais défis de notre temps.
Face à la priorité absolue à la sécurité, l’Opposition Majoritaire considère la bonne gouvernance, la transparence et le développement durable au moins aussi importants.
Détricotage de la politique associative
En novembre 2019, le Collège communal décide de faire supporter par les associations le coût du transport et de la manutention du matériel communal mis à disposition pour des événements.
Sur la base du matériel mis à disposition en 2018, le montant ainsi mis à la charge des associations est évalué à 74.000 euros. Un montant ridiculement faible pour le budget communal mais qui impactera très sérieusement les finances des associations concernées. Les facilités offertes par la Maison des Associations ouverte récemment ne compenseront pas les difficultés financières que les associations rencontreront dans l’organisation de leurs manifestations.
On a laissé entendre que les activités reconnues par la Commune pourraient bénéficier de la gratuité. Sans critères objectifs de reconnaissance, les associations dépendront du bon vouloir du Collège communal. Une décision qui risque d’inféoder le mouvement associatif au pouvoir politique.
Pour l’OM, les associations participent directement à la qualité de la vie communale, parce qu’elles développent des services à la collectivité et aux personnes et parce qu’elles permettent à des milliers de volontaires de s’engager dans des actions citoyennes. Pour l’OM, tout doit être mis en oeuvre pour encourager les associations actives dans les différents secteurs tout en respectant leur indépendance.
Le Centre Culturel mis à la diète
Toujours en novembre 2019, le Collège communal annonce la diminution du soutien au Centre Culturel en modifiant les conditions de mise à disposition des locaux et la fin du financement des matériels spécialisés. Impact : de 30 à 50.000 euros chaque année. Commentaire cynique de l’Echevine de la Culture en Conseil communal : « Le robinet de la générosité est coupé » !
Un coup dur pour l’équipe en charge du Centre Culturel en attente depuis plus d’un an de la confirmation du soutien communal pour la reconduction de son contrat-programme. Mais surtout une réduction nette de moyens qui obligera le Centre Culturel à diminuer le nombre de spectacles et d’animations proposés aux Brainois.
Pour l’OM, la mission d’un Centre Culturel l’amène à développer un questionnement critique sur des problèmes de société. Il est donc utile de lui garantir dans les faits une autonomie réelle. Et de ne pas confondre Centre Culturel et service communal culturel.
Une gouvernance à l’ancienne
Le Bourgmestre a choisi de garder la Présidence du Conseil communal, de refuser la mise en place d’une Commission « Finances » réclamée par l’Opposition Majoritaire pour assurer la transparence sur les finances communales (et alléger le menu des séances publiques); il continue de régulièrement mettre en doute l’utilité des autres Commissions où tous les partis peuvent discuter ensemble de différents sujets particuliers (vie associative, environnement, aménagement du territoire, circulation…) et de se moquer des propositions de participation citoyenne.
L’OM défend au contraire plus de transparence sur les données administratives, l’organisation de débats publics sur des sujets d’intérêt communal et la création de commissions sur les enjeux prioritaires de la justice sociale et climatique.
Par ailleurs, récemment désigné Député à la Chambre, le Bourgmestre a choisi de cumuler son mandat communal avec celui de Député, un cumul qui n’est pas conforme aux valeurs de l’OM.
Le paradis fiscal, miroir aux alouettes
Durant l’année écoulée, le Collège communal a pris une série de mesures au nom d’une gestion saine et de l’absolue nécessité de veiller à la bonne utilisation des deniers communaux. Des économies et des mesures qui pourraient se justifier dans un contexte d’austérité et d’orthodoxie budgétaires. Mais il faut rappeler que les finances communales à Braine-l’Alleud se portent bien : 1,6 millions d’euros de boni au compte 2018 et près de 10 millions de bénéfices cumulés.
Les Brainois vivent-ils pour autant dans un « paradis fiscal » comme se plait à le répéter le Bourgmestre dans une comparaison étonnante au vu des scandales dont les paradis fiscaux sont régulièrement le sujet ? La réalité est bien différente : seuls les gros revenus ne payent pas beaucoup d’impôt en comparaison avec d’autres communes alors que les moins nantis paient des taxes indirectes qui ne sont pas proportionnelles à leurs revenus.
En effet, si l’Impôt sur les Personnes Physiques (IPP) et le Précompte immobilier ne sont pas augmentés, d’autres taxes et redevances le sont. Exemples : l’augmentation récente de la taxe égouts de 20 à 50 euros, la redevance pour l’occupation de l’espace public lors d’un déménagement, l’augmentation des repas scolaires dans les écoles communales en maternelle, etc.
En parallèle à ces augmentations, des services publics sont supprimés tels que le centre de vacances à Lillois, la garderie des centres de vacances à Ophain, , la délivrance d’attestations fiscales pour la fréquentation des centres de vacances et stages communaux, etc. Sans compter les mesures déjà citées plus haut concernant les associations ou le Centre Culturel…
Pour l’OM, la justice fiscale passe essentiellement par la progressivité de l’imposition qui est proportionnelle aux revenus. Les taxes peuvent être utilisées à bon escient pour responsabiliser les habitants et les autres acteurs locaux comme les entreprises qui doivent contribuer à la gestion de l’environnement dans lequel elles déploient leur activité.
Par exemple, l’OM a contribué à enrichir le budget communal de plus de 200.000 euros en faisant voter une augmentation de la taxe sur les surfaces de bureaux pour les grands ensembles (de 5€ à 7,5€ le m2 pour les ensembles de plus de 750 m2). L’OM a également permis de responsabiliser davantage les propriétaires d’immeubles bâtis inoccupés ou délabrés en réduisant la taxe pour la 1ère année (de 60€ à 40€) mais en l’augmentant pour la 3ème année (de 180€ à 240€).
Conclusion
En un an, obsédé par une gestion financière stricte, la Liste du Bourgmestre a détricoté une partie de la politique sociale (PCS), réduit les moyens de la politique culturelle, réduit la participation citoyenne, donné d’une main aux associations une Maison des Associations et repris de l’autre main les frais de transport et de manutention du matériel communal.
Pendant la même année, la politique en matière de déchets n’a pas avancé (report de la poubelle à puce), la politique en matière de logements publics est à l’arrêt, la gouvernance est en rade…
Les membres des 4 groupes de l’Opposition Majoritaire – Ecolo, Intérêts Brainois, PluS et Défi – sont résolus à continuer inlassablement à proposer une alternative à la politique ultra-libérale de la Liste du Bourgmestre à Braine-l’Alleud :
- Les citoyens brainois du XXIème siècle méritent mieux qu’une gestion obsédée par les finances, silencieuse sur la question climatique et sans vision partagée.
- Les associations, la participation citoyenne, la culture sont des moyens précieux de favoriser la qualité d’un vivre ensemble que la vie moderne ne cesse de mettre en danger.
- Braine-l’Alleud mérite une politique ambitieuse et positive tant au niveau social qu’au niveau environnemental et du développement durable.
- Nous voulons créer de la cohésion, soutenir les initiatives durables et veiller au bien-être de toutes les Brainoises et de tous les Brainois, présents et à venir, et en particulier des plus précarisés.
Poster un Commentaire